Oh! quand je dors – Victor Hugo

Dernière mise à jour - 5 mai 2024 6h18

Oh! quand je dors, viens auprès de ma couche,
Comme à Pétrarque apparaissait Laura,
Et qu’en passant ton haleine me touche…
Soudain ma bouche
S’ouvre à ton souffle, et non à celui-là.

Mais laisse mes yeux clos sous leur paupière rose
S’emplir doucement de ta forme chérie.
Et qu’en dormant, je ne sois pas autre chose
Qu’un amoureux qui rêve à sa bien-aimée amie.

Et que ton ombre me parle tout bas,
Comme l’onde aux roseaux, comme l’arbre au feuillage.
Au milieu de la nuit, quand tout dort ici-bas,
Chuchote à mon oreille un doux mot d’apaisage.

Et puis, avant l’aube aux plis diaphanes,
Comme un séraphin penché du haut du ciel,
Qui glisse à travers les choses profanes,
De ton rêve en fleur fais descendre un miel.

Oh! viens à moi, toi qui fus ma pensée,
Mon astre d’amour, ma lyre d’or pur,
Rayon d’amour dans ma nuit glacée,
Chanson d’amour dans mon rêve obscur!